Sophie Bessis
Sophie Bessis est journaliste et historienne spécialiste de l’Afrique subsaharienne et du Maghreb. Ancienne rédactrice en chef de Jeune Afrique et chercheuse à l’IRIS, elle est l’autrice d’une quinzaine d’ouvrages, dont Je vous écris d’une autre rive. Lettre à Hannah Arendt (Elyzad, 2021), Histoire de la Tunisie. De Carthage à nos jours (Tallandier, 2022) ou encore La civilisation judéo-chrétienne. Anatomie d’une imposture (Les liens qui libèrent, 2025).
La civilisation judéo-chrétienne. Anatomie d'une imposture
Les Liens qui Libèrent (France), essai, 2025
Depuis quarante ans, le concept de « civilisation judéochrétienne » domine les discours politiques et médiatiques en Occident, présenté comme le socle culturel de l’Europe et de l’Amérique du Nord. Mais que cache cette expression devenue une référence hégémonique ?
Récupéré par des acteurs variés – États, mouvements politiques ou nationalismes – ce concept est utilisé de toutes parts pour réécrire l’histoire, servant en Europe à occulter deux millénaires de persécutions antisémites, à nier l’apport de l’Orient dans son passé et à exclure l’islam de ses références culturelles. Le sionisme puis l’État d’Israël à partir de sa création ont eu besoin d’affirmer leur ancrage exclusif à l’Occident, se proclamant aujourd’hui comme le « bastion avancé de la civilisation judéochrétienne » face à « l’ennemi arabo-musulman », tandis que les nationalismes arabes ont vu dans cette expression un instrument commode pour nier la dimension juive de l’histoire de leurs propres pays.
Sophie Bessis dévoile comment ce binôme, loin d’être neutre, est utilisé partout pour rendre impossibles des convergences culturelles et politiques qui pourraient être autant de chemins vers la paix.
